vendredi 24 mars 2017

La Biographie de : DAHMANE EL HARACHI

Atravers ses chansons compos�es dans les ann�es 50. Dahmane El �Harachi incarnait la modernit� au sens baudelairien du terme, c'est-�-dire non pas "le triomphe du nouveau, la glorification du progr�s ou la supr�matie des avant-gardes" mais le besoin de retrouver "la morale et esth�tique du temps". Le parcours artistique d'EI-Harachi porte la marque de son v�cu et traduit toutes les d�clinaisons de l'Immigritude". Observateur attentif et vigilant du milieu de ces travailleurs appel�s � "construire des maisons qu'ils n'habiteront jamais" ou des autoroutes qu'ils n'emprunteront pas. Dahmane (diminutif d'Abderrahmane) a toujours �vit� de tomber dans le mis�rabilisme alors ambiant. Ce que contredisait un peu sa vie dissolue, mais il disait des choses � la fois vraies et belles car c'�tait un pessimiste gai. B�tie autour du Cha�bi, genre populaire de la Casbah d'Alger. La musique d'EI-Harachi a gard� certaines lignes m�lodiques pour les notes et une nette pro pension aux proverbes et aux dictons puis�s dans la tradition po�tique orale quant aux mots. Le cha�bi tel qu'il a �t� "institu�" par El-Anka regorgeait d'all�gories �mises en semi-dialectal et de citations pomp�es dans le "melhoun", celui de Dahmane use d'un parler simple de tous les jours, compr�hensible par l'ensemble de la communaut� maghr�bine. Ce qui explique, en partie, son large succ�s. N� le 7 juillet 1925 � El Biar, un quartier r�sidentiel d'Alger. El �Harachi, de son vrai nom Amrani, a grandi a EI-Harrach (ex-Maison Carr�e), dans la banlieue alg�roise. Son p�re, Cheikh EI-Amrani, �tait le muezzin de la Grande Mosqu�e de la capitale alg�rienne et il a �lev� son fils dans le respect des principes musulmans, compl�t�s par ceux dispens�s par l'�cole coranique et l'�cole primaire qu'il suivra Jusqu'� l'obtention du certificat d'�tudes, dipl�me a l'�poque comme un excellent sauf-conduit pour le march� de l'emploi. Le jeune homme s'essaiera plut�t � l'exercice de m�tiers divers dont la cordonnerie et pendant sept ans, le boulot de receveur de tramway sur la ligne EI-Harrach-Bab-et-Oued. C'est au cours de cette p�riode qu'il entame quelques prometteurs d�buts musicaux, int�grant une troupe d'amateurs et donnant des concerts un peu partout en Alg�rie. En 1949, il se rend en France et s'installe d'abord � Lille, puis � Marseille et enfin Paris qu'il ne quittera pratiquement plus. C'est dans les caf�s, embu�s par les vapeurs �thyliques de la nostalgie qu'il se produit r�guli�rement. Dans ces endroits-tremplins, o� l'on vient humer l'air du � pays �, Dahmane, qui est un impressionnant instrumentiste (il �tait un virtuose du banjo), chante de sa voix rocailleuse, modul�e par l'alcool et le tabac, les classiques du cha�bi et surprend par son interpr�tation hors des sentiers battus. �l�gant, bonne gueule d'atmosph�re et buveur, le blues-man des faubourgs s�duit, bouleverse et remue les consciences. Surnomm� � Aznavour � dans le milieu artistique alors qu'il est � comparer aux chantres du bleu � l'�me du delta du Mississipi. Dahmane s'imposera d�finitivement par ses propres compositions hant�es par la silhouette d'Alger la Blanche, les visions de femmes poss�dant la gr�ce d'une perdrix et la finesse d'une colombe ou l'effroi suscit� par "la plus haute de solitudes", du au d�racinement. D�couvert sur le tard par la nouvelle g�n�ration. EI-Harachi a eu droit � sa premi�re sc�ne digne lors du Festival de la Musique maghr�bine qu'il s'est tenu � la fin des ann�es 70 � la Villette. En Alg�rie, terre qu'il n'a jamais cesse d'�voquer � sa fa�on joliment imag�e, il fera deux apparitions avant de conna�tre une fin tragique, le 31 ao�t 1980. dans un accident de voiture sur la corniche alg�roise qu'il sublimait par-dessus tout. De Dahmane, il nous reste un vaste r�pertoire, dont vous retrouverez ici quelques extraits significatifs et un documentaire r�alis� par Hadi Rahim pour la t�l�vision alg�rienne (intitule: "Saha Dahmane", traduction: "Merci Dahmane"), relevant toute la truculence du personnage. R�cemment, Rachid Taha lui a rendu hommage en reprenant un de ses titres majeurs: "Ya Rayah" ("Candidat a l'exil. Tu auras beau voyager o� tu veux un jour tu reviendras � ton point de d�part.") En un chant bref comme il avait coutume de le faire. Dahmane a su r�sumer le cours d'une destin�e, La sienne. Rabah Mezouane

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire